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Le blog de Plume libre

A fleur de mots, quelques vers levés, quelques roses jetées...


Un choix bien malgré moi : entre sociologie et passion

Publié par Plume Libre sur 1 Mars 2014, 17:24pm

Catégories : #Du plus profond de mon âme

La sociologie a montré que l’amour n’était rien d’autre que l’appariement de deux êtres semblables, que de façon tout à fait logique et rationnelle, nous allions tomber amoureux de ceux qui nous ressemblent.

L’idée semble un peu triste : après l’amour qui n’est rien d’autre que de la chimie, l’amour n’est rien d’autre qu’une reproduction sociale, soumis à des normes et des règles que l’on suivrait inconsciemment.

A écouter cette « théorie », on tremble et l’on crie et pourtant…

Pourtant, si on se penche sur la question, qu’on regarde autour de nous, on ne peut qu’admettre que les couples que l’on voit se complaisent plus qu’ils ne se complètent.

Si, en revanche, je regarde du côté de cet homme qui aspire mon cœur et mon corps, si je dissèque nos attitudes, nos modes de vie et de pensée, je ne vois rien de commun, je ne vois rien de socialement semblable à nos conditions.

Il est d’origine africaine, militaire, plus âgé, musulman, machiste, famille nombreuse, galère d’enfance et d’après,  considère l’homosexualité comme un vice, veut des enfants tôt, se marier rapidement, il se voit comme un lion, me dit que je suis un « petit singe », etc…

Je suis d’origine européenne, n’ai qu’une sœur, je suis catholique non pratiquante et relativement peu croyante, féministe au plus haut point, pro-LGBT, je ne veux pas d’enfants ni me marier, avant d’avoir une carrière en tous les cas, ambitieuse, je me vois comme un tigre, je le considère tout comme, etc…

Quand je le regarde, je ne vois pas un miroir de ce que je suis. Je vois quasiment mon opposé.

Et je sais que dans ce choix que je lui ai demandé de faire, il y a le poids des contraintes sociales qui pèsent, il y a la force de ses plans d’avenir et des miens qui s’affrontent et l’espoir, aussi, que j’accepte de n’être qu’une passade devenue récurrente, que j’abdique et me satisfasse de ce qu’il me donne, si peu, d’ailleurs.

Je sais que quand il me regarde, il voit ce dont il ne peut pas se satisfaire.

Mais j’ai assez souffert, j’ai assez regardé en arrière pour lui. Il a suffi de quelques gestes, d’aller un peu trop loin, de prononcer des mots un peu trop durs pour que tout s’arrête.

Avant, je ne pouvais pas l’écrire, je lui aurais donné trop de pouvoir. Aujourd’hui, cela m’est égal car je connais déjà la suite.

Je sais que je peux le dire, je peux être franche et je peux en souffrir mais je suis libre de ce sentiment qui me dévore et me brûle : je l’aime, je suis amoureuse de l’un des seuls hommes que je ne pourrai jamais fréquenter parce qu’on est trop différents, trop prêt à être en désaccord.

Mais putain que c’est beau quand on trouve un terrain d’entente !

Que c’est bon quand il me touche, quand, blottie contre lui, je ne sens plus le froid.

Que c’est jouissif de se disputer avec quelqu’un qui ne juge pas ce que l’on pense mais qui veut, simplement, nous convaincre, nous montrer qu’un autre avis, tout aussi justifié, existe.

Que c’est agréable de pouvoir se laisser aller, d’avoir confiance à ce point, malgré la conscience des mensonges, savoir que l’autre ne sait juste pas comment agir, qu’il fait des erreurs parce qu’il est aussi désemparé que nous.

Quand il me dira qu’il ne m’aime pas assez pour être avec moi, qu’il les aime trop, elle et les conventions sociales, pour faire le choix que je considère comme le bon, je ne pleurerai pas, je ne crierai pas, je ne souffrirai pas car je n’en ai pas le droit.

Je suis celle qui l’aime pour les seules bonnes raisons, celle qui court après les trains, qui sourit devant le sale caractère, qui embrasse et efface.

Je suis celle qu’on aime parce que c’est simple mais compliqué à la fois, celle que les paradoxes magnifient et étouffent cependant.

Je suis celle qui accompagne, qui patiente, qui donne force et courage et qu’on laisse sur le pas de la porte, sur le quai de la gare, seule dans la nuit ou en plein jour.

Je suis celle qu’on fréquente comme un shoot d’adrénaline, un rail de coke, un verre d’alcool, un dernier pas vers la déroute avant de reprendre la vraie vie, comme un rêve qu’on peut choisir d’arrêter à tout instant.

Je suis celle à laquelle on ne dit pas ce qu’on ressent, à qui on ment pour obtenir ce qu’on désire. Celle qu’on utilise malgré soi, celle dont le sourire nous habille, mais pas comme on le voudrait.

Je suis l’inconventionnelle, l’imprévue, la solide et sans forces, l’amoureuse transie et l’assurée désabusée.

Je suis celle qui saigne par amour, trop fière pour l’admettre, trop fière pour l’accepter.

Je suis celle qu’on abandonne sans un mot, parce qu’on a trop peur, qu’on est trop lâche, pas assez fort, pas prêt mais, qui sait, peut-être qu’un jour on le sera, essayons de laisser la porte ouverte.

Celle qui sait à quel point c’est dur et qui peut comprendre, qui n’en veut pas, qui n’en tient pas rigueur mais qui, au fond, se perd dans des décisions qui ne sont jamais les siennes et qui arrachent des morceaux d’elle-même.

Les opposés s’attirent.

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